Depuis plusieurs mois le manque d'eau se fait sentir avec une sécheresse qui ne cesse de s'accentuer... Mais quels sont les niveaux des nappes phréatiques ? Quelle tendance pour les semaines à venir ? Voici nos réponses...
Quand parle-t-on de sécheresse ?
D’après les scientifiques, on évoque le terme de sécheresse lorsqu’il y a un manque d’eau plus ou moins important sur une assez longue période. C’est un phénomène pouvant être cyclique ou exceptionnel touchant une région plus ou moins grande (le Berry ou la France entière ou encore l’Europe Occidentale).
L’état de sécheresse n’est pas le même partout dans le monde. Tout dépend des seuils choisis par le pays ou la région en question en fonction du nombre d’habitants, des ressources en eau disponibles ou encore du climat. En France, l’état de sécheresse absolue est décrété lorsqu’il n’y a pas eu une goutte de pluie (moins de 0,25 mm par jour) pendant 15 jours consécutifs.
On note trois types de sécheresse :
- la sécheresse météorologique, marquée par un déficit de précipitations sur une période donnée ;
- la sécheresse agricole, correspondant à un déficit d’eau des sols superficiels sur une profondeur maximale de deux mètres pouvant fragiliser le développement de la végétation (dépend du type de culture, de l’évapotranspiration des plantes, du taux d’humidité, de la nature des sols et des plantes, du vent, de la température de l’air et des précipitations reçues sur la zone en question) ;
- la sécheresse hydrologique, se manifestant par des niveaux d’eau anormalement bas dans les rivières, lacs ou encore nappes phréatiques et/ou souterraines (dépend de la nature du sol et de sa perméabilité jouant sur l’infiltration et le ruissellement de l’eau, dépend des caractéristiques des nappes souterraines et de la surexploitation des ressources en eau).
Les prévisionnistes météo suivent régulièrement l’évolution des précipitations sur la région en question pour informer la population d’éventuels risques. Lorsque l’hiver et le printemps ont été peu pluvieux, les réserves d’eau sont souvent peu remplies. Des conditions anticycloniques récurrentes favorisent l’apparition d’une sécheresse. Plus les températures sont élevées, plus la sécheresse s’accentuera suite à une évapotranspiration des plantes très importantes.
Les activités humaines peuvent également favoriser l’amplification d’une sécheresse s’il y a une mauvaise gestion des ressources en eau. Ainsi, cette dernière doit être rigoureuse avec une réparation équitable des besoins en eau dans la population (agriculteurs, usines, habitations, etc.). Des mesures de restriction sont alors émises en fonction de la zone concernée pour limiter l’accentuation de la sécheresse.
Lors d’un épisode de sécheresse, ce dernier peut avoir divers impacts dans la zone concernée :
- sur l’agriculture : destruction partielle ou entière d’une récolte ;
- sur les forêts et les prairies (incendies) ;
- sur les ressources en eau (pénuries d’eau potable) ;
- sur la production hydroélectrique ;
- sur la faune et la population (exode, problèmes de santé).
D’après le site Propluvia, « les seuils entraînant des mesures de restriction sont définis au niveau local par les préfets. Ce qui facilite la réaction en situation de crise, et permet la transparence et la concertation entre les différents usagers d’un même bassin. Les arrêtés sécheresse ne peuvent être prescrits que pour une durée limitée pour un périmètre déterminé. Ils doivent assurer l’exercice des usages prioritaires, plus particulièrement la santé, la sécurité civile, l’approvisionnement en eau potable et la préservation des écosystèmes aquatiques. Ceci tout en respectant l’égalité entre usagers des différents départements et la nécessaire solidarité amont - aval des bassins versants. Quels sont les différents seuils et conséquences pour les différents acteurs ? Quatre niveaux ont été définis : vigilance, alerte, alerte renforcée, crise. Les mesures de limitation des prélèvements sont progressives (fonction des seuils définis : vigilance, alerte, alerte renforcée, crise) et adaptées aux différents usagers :
- Usages domestiques : sensibilisation, puis limitation de plus en plus fortes des prélèvements pour l’arrosage des pelouses, des espaces verts, le lavage des voitures, le remplissage des piscines jusqu’à l’interdiction totale de ce type d’utilisation (hors usage eau potable).
- Agriculture : (80% des prélèvements entre juin et août) : interdiction d’irriguer 1 jour par semaine, plusieurs jours par semaine ou à certaines heures jusqu’à l’interdiction totale de l’irrigation.
- Industrie : des mesures spécifiques ont été prises sur les unités les plus consommatrices : mesures imposant une réduction progressive d’activité, le recyclage de certaines eaux de nettoyage, la modification de certains modes opératoires. »
Vous pouvez retrouvez nos vigilances sécheresse sur notre site, en cliquant sur le lien ci-contre : http://www.meteo-centre.fr/info-secheresse.php.
Observations de juin 2018 à août 2019
En s'appuyant sur les données des principales stations de Météo France et de quelques stations du R.S.M.C. (Réseau de Stations de Météo Centre), nous avons créé des graphiques montrant l'évolution de la pluviométrie sur les quatorze derniers mois, soit de juin 2018 à août 2019. Sur les stations de Météo France, nous avons également ajouté les totaux mensuels moyens (courbes en tirets) basés sur la période 1981-2010 (normes climatologiques officielles).
- Allier (03) :
- Cher (18) :
- Eure-et-Loir (28) :
- Indre (36) :
- Indre-et-Loire (37) :
- Loir-et-Cher (41) :
- Loiret (45) :
- Nièvre (58) :
- Yonne (89) :
D'après les graphiques de chaque station de Météo France et de Météo Centre, on constate sur la période juin 2018 - août 2019 :
- 10 à 14 mois sur 14 avec une pluviométrie déficitaire au Sud de la Loire (les départements de l'Indre, du Cher, de l'Allier et de la Nièvre particulièrement touchés) ;
- 14 mois consécutifs avec une pluviométrie déficitaire à Bourges (533,2 mm relevés sur la période juin 2018 - août 2019 contre 929,5 mm habituellement soit un déficit de -43%) ;
- le département de l'Eure-et-Loir "moins impacté" par la sécheresse ("seulement" 8 mois sur 14 avec une pluviométrie déficitaire) ;
- deux étés très chauds et très secs consécutifs sur nos régions Centre-Val de Loire et Centrales...
2019, une année exceptionnellement sèche ?
En s’appuyant sur les données des principales stations de Météo France, nous avons créé des graphiques comparant l'année la plus humide, l'année la plus sèche, la moyenne et l'année 2019*.
D'après le graphique, on remarque bien que cette année 2019 est remarquablement sèche (1er janvier au 14 septembre inclus) : au 14 septembre, plusieurs stations sont encore très loin de leur moyenne habituelle et n'ont même pas atteint la moitié de ce qu'il tombe en une année...
D'ici la fin de l'année 2019, certaines stations seront susceptibles de battre leur record de faible pluviométrie, notamment celle de Bourges (18) avec à peine 265,9 mm relevés entre le 1er janvier et le 14 septembre 2019. En effet, il faudrait qu'il pleuve 207,6 mm d'ici le 31 décembre 2019 pour égaler l'année sèche de référence, 1953 (473,5 mm mesurés) !
Point sur l'état des sols et des nappes phréatiques sur le bassin Loire-Bretagne
D'après la DREAL de bassin Loire-Bretagne, "la pluviométrie d’août 2019 a été déficitaire à très déficitaire sur le centre du bassin et excédentaire à très excédentaire sur l’amont de l’axe ligérien, sur le nord des Pays de la Loire et le sud de la Bretagne."
Ce déficit pluviométrique est marqué depuis plusieurs mois, notamment sur nos régions Centre-Val de Loire et Centrales...
Toujours d'après la DREAL de bassin Loire-Bretagne, "les taux de remplissage des nappes sont très faibles sur la zone amont du bassin, avec une tendance à la baisse, et majoritairement de normaux à faibles sur le reste du bassin à l’exception de ceux du socle 44 et de l’infra toarcien du Montmorillonais et du Civraisien qui sont élevés."
Voici le bulletin complet de la DREAL bassin Loire-Bretagne publié fin août 2019 : http://www.donnees.centre.developpement-durable.gouv.fr/EditEau/BSH-LB-aout2019.pdf.
Avec cette sécheresse des sols, au 14 septembre 2019, une bonne partie de nos régions centrales est placée en situation de crise...
Un été 2019 très chaud et sec en France et sur nos régions...
D'après Météo France, "l'été météorologique a été le 3e plus chaud depuis le début des mesures en France avec une anomalie de +1,7°C (21,7 °C pour une moyenne 1981-2010 de 19,9°C) derrière les étés 2003 (23,1°C / +3,2°C) et 2018 (21.9°C / +2°C)."
Cet été 2019 a notamment été marqué par deux vagues de chaleur exceptionnelles : une fin juin et une fin juillet.
Ces épisodes ont bien accentué la sécheresse des sols... Au 06 septembre 2019, certains départements sont proches des records ! Toujours d'après Météo France, "depuis le début de l'été l'indice d'humidité des sols superficiels est très faible sur l'ensemble du territoire. Ceci est dû au déficit de pluviométrie estivale (20% sur le pays, voire 30% à 60% sur certaines régions du centre, du nord-est et du sud-est) et aux fortes températures qui ont renforcé l'évaporation des sols. Depuis la fin du mois août, il atteint des valeurs inférieures au premier décile (c'est-à-dire qu'il se situe parmi les 10% des valeurs les plus sèches depuis 1958 pour cette période l'année)." Nos régions centrales sont particulièrement touchées par ce manque d'eau notamment le Bourbonnais, le Nivernais, le Morvan, le Berry et la Sologne !
Quelle tendance pour la deuxième quinzaine de septembre ?
La première quinzaine de septembre s'est montrée exceptionnellement sèche sur nos régions Centre-Val de Loire et Centrales mais cela n'est pas inédit pour une fin de période estivale. Sur les réseaux Météo France et Météo Centre (Réseau de Stations de Météo Centre), les cumuls de précipitations ont été souvent inférieurs à 5 mm, voire à 1 mm par endroits... En effet, on a à peine relevé 0,2 mm à Tours (37), 0,4 mm à Bourges (18), 0,8 mm à Etrechet (36) et Salbris (41), 1 mm à Blois (41), Maintenon (28), Olivet (45) et Véretz (37).
A moyen terme, les conditions s'annoncent globalement anticycloniques (sèches et ensoleillées) jusqu'au 21-22 septembre.
Après une mi-septembre estivale, les températures baisseront légèrement en milieu de semaine prochaine (17-19 septembre) en liaison avec une coulée d'air froid sur l'Europe Centrale / de l'Est. Ce léger "rafraîchissement" ne serait que temporaire puisqu'une nouvelle hausse du thermomètre se profilerait pour la toute fin de semaine (20 septembre) et le week-end du 21-22 septembre.
Pour la suite, la tendance météo reste encore indécise... On surveillera notamment le comportement de certains systèmes tropicaux dans l'Atlantique qui pourraient venir influencer le temps sur la France. Dans tous les cas, nous n'attendons pas d'importantes dégradations pluvieuses d'ici le 21 septembre...
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