PERSPECTIVES POUR L'HIVER 2020/2021...
En ce mardi 1er décembre 2020, premier jour de l’hiver météorologique, voici les dernières tendances météo du prochain trimestre Décembre 2020 - Janvier 2021 - Février 2021…
Un automne 2020 doux et très contrasté avec un net déficit pluviométrique en novembre...
L’automne météorologique s’est achevé ce 30 novembre 2020… Malgré quelques périodes froides (notamment entre la toute fin septembre et le mois d'octobre), c’est la douceur qui a dominé les débats.
D'après Météo France, "la température moyenne sur la France et sur la saison se situe +1°C au-dessus de la normale, classant cet automne parmi les automnes les plus chauds depuis le début du XXe siècle."
Côté précipitations, après un mois de septembre plutôt déficitaire, la pluie a fait un retour remarqué en octobre avant un mois de novembre exceptionnellement sec... D'après Météo France, malgré de nombreuses disparités, "en moyenne sur la France, la pluviométrie a été proche de la normale."
Sur nos régions Centre-Val de Loire et Centrales, malgré des pluies bénéfiques en octobre, nos sols ont manqué d’eau lors de cet automne 2020 (hormis sur quelques localités). En effet, sur les principales stations de Météo France, on a relevé sur l’ensemble de l'automne météorologique 2020 :
- Auxerre-Perrigny (89) : 149,2 mm (moyenne habituelle : 193,1 mm, soit -23%) ;
- Avord (18) : 187,6 mm (moyenne habituelle : 205,2 mm, soit -9%) ;
- Blois (41) : 101,2 mm (moyenne habituelle : 180,7 mm, soit -44%) ;
- Bourges (18) : 182,2 mm (moyenne habituelle : 197,1 mm, soit -8%) ;
- Chartres (28) : 104,2 mm (moyenne habituelle : 161,4 mm, soit -35%) ;
- Châteaudun (28) : 104,4 mm (moyenne habituelle : 164 mm, soit -36%) ;
- Châteauroux (36) : 164,6 mm (moyenne habituelle : 203 mm, soit -29%) ;
- Nevers (58) : 189,9 mm (moyenne habituelle : 215,2 mm, soit -12%) ;
- Orléans-Bricy (45) : 108,7 mm (moyenne habituelle : 172,9 mm, soit -27%) ;
- Romorantin (41) : 150,8 mm (moyenne habituelle : 190,2 mm, soit -21%) ;
- Tours (37) : 147,6 mm (moyenne habituelle : 192,1 mm, soit -23%) ;
- Vichy-Charmeil (03) : 150,1 mm (moyenne habituelle : 206,7 mm, soit -27%).
Au 29 novembre 2020, le niveau des nappes phréatiques sur nos régions Centre-Val de Loire et centrales est globalement inférieur à la normale avec une tendance à la baisse en raison d'un mois de novembre peu arrosé (malgré un mois d'octobre pluvieux)…
Après cet automne 2020 très doux et trop peu arrosé au final, qu'en sera-t-il pour l'hiver à venir ?
Vers un hiver 2020-2021 proche des normes ?
Qu’est ce que la prévision saisonnière ?
La prévision saisonnière est une tendance météorologique à long terme. A contrario des prévisions classiques à une échéance de quelques jours, elles restent approximatives. En effet, il est impossible de prévoir la chronologie exacte des mois à venir ni de localiser où une vague de froid va se produire plusieurs mois à l’avance. Néanmoins, ces prévisions saisonnières donnent un scénario le plus probable sur le ou les mois à venir : elles nous renseignent sur l’anomalie de températures et de précipitations sur une région donnée. Ces prévisions sont réalisées à partir de modèles et indices météo issus de différents pays. A ce jour, elles restent encore « expérimentales » malgré les progrès dans ce domaine au cours de ces dernières années. Les données présentées ici sont donc à prendre avec un certain recul.
Quelle tendance se dégage sur les modèles météo ?
D’après les principaux modèles saisonniers, en moyenne sur la période hivernale (Décembre 2020 - Janvier 2021 - Février 2021), les basses pressions devraient prédominer sur le Nord de l’Europe avec un flux perturbé de l'Islande à la Scandinavie. Les conditions anticycloniques (hautes pressions) s’imposeraient quant à elle plus régulièrement vers le bassin méditerranéen et le Sud de l'Europe. Ce type de configuration serait typique d’un courant majoritairement océanique sur l’Europe (flux d’Ouest) mais avec un flux perturbé plus au Nord qu'habituellement.
Au niveau des températures, elles se montreraient anormalement douces sur le Nord/Nord-Est de l'Europe. Vers la France, aucun scénario ne se dégage (températures plutôt de saison à légèrement plus douces que la normale en moyenne).
Côté précipitations, les pluies seraient plus fréquentes sur une petite partie Nord de l’Europe. Elles se montreraient déficitaires vers le Sud de l'Europe et la Méditerranée.
Que prévoit le modèle interne de notre association Météo Centre ?
Notre modèle interne à Météo Centre (modèle statistique de prédiction pour la France) s’oriente vers des conditions très classiques/de saison pour notre hiver 2020/2021. Ce modèle, réalisé par Jérémy Surcin, (l’un de nos administrateurs et climatologue au CNRS), est basé sur plus de 150 variables d’entrées (observations et analyse) qui ont permis d’effectuer une ACP (analyse en composante principale). Nous avons affiné cela par un modèle statistique « cross validation ». Une simulation a été réalisée sur une période de 30 ans (1988-2018) et nous avons obtenu 81% de fiabilité pour les précipitations (91% pour les 10 dernières années). Concernant les températures, nous avons 59% de fiabilité sur les 30 années (67% sur les 10 dernières années). Ce modèle reste expérimental et scientifique. De nouveaux travaux statistiques seront développés et intégrés par la suite afin d’améliorer la prévision. Pour le moment, il n’y a aucun paramètre concernant la physique de l’atmosphère (le chiffre en abscisse est le numéro de simulation correspondant à la date dans le tableau ci-dessous).
En faisant la moyenne des simulations, aucune anomalie particulière ne se dégage concernant les températures. Sur l'ensemble de l'hiver (décembre 2020 à février 2021), elles seraient globalement proches des normes (hiver de saison).
Au niveau des précipitations, une tendance plus sèche que la normale (possible déficit pluviométrique d'environ -20%) se profilerait sur l'ensemble de notre hiver (décembre 2020 à février 2021).
Quelle tendance mois par mois d’après notre association Météo Centre en France ?
Après analyse des modèles, d’après nos prévisionnistes de l’association Météo Centre, notre hiver se montrerait globalement de saison (à tendance légèrement plus douce notamment à cause du mois de janvier) :
- Décembre 2020 (quelques incertitudes avec deux scénarios probables) :
- un scénario de saison à dominante plus douce, ventée et océanique ;
- un scénario à dominante plus froide avec une possible période bien hivernale entre la deuxième décade et Noël (possibles dorsales sur l'Atlantique ou blocages aux hautes latitudes favorisant des conditions plus hivernales : NAO- ?) ;
- Janvier 2021 (accord quasi-unanime sur les modèles) : très doux et humide en perspective avec un flux à dominante océanique (risque de tempête(s)) avec pas ou peu de gelées) ;
- Février 2021 (pas d'accord unanime encore sur les modèles) : de saison (à tendance plus froide) et dominante sèche.
Sur l’ensemble de la période hivernale (décembre 2020 à février 2021), un déficit pluviométrique paraît probable.
Quelle tendance d'après Météo France en Europe et en France ?
Pour les températures, "sur la Scandinavie et le pourtour de la Baltique, le trimestre prochain devrait être plus chaud que la normale. Sur l’Europe de l’Est et la Méditerranée, la majorité des modèles optent pour un scénario chaud, avec une probabilité toutefois moins forte. Sur l’ouest du continent, l’incertitude est plus grande, le scénario froid est cependant le moins probable."
Pour les précipitations, "sur la Scandinavie et autour de la mer Baltique, le temps, au cours du trimestre prochain, devrait être en moyenne plus pluvieux que la normale. À l’inverse, sur les régions méditerranéennes, on s’attend à des conditions plus sèches que la normale. Entre ces deux zones, aucun scénario n’est privilégié pour le trimestre."
Pour Météo France, "s’il est peu probable que la France connaisse un hiver froid en moyenne sur le trimestre, l’incertitude demeure entre un scénario normal ou plus doux que la normale. Pour les précipitations, le pourtour méditerranéen devrait connaître un temps plus sec que la normale. Aucune option majoritaire ne se dégage sur le reste du pays."
Cet hiver, malgré quelques incertitudes, la configuration météorologiques dominante sur les modèles serait donc une Oscillation Nord Atlantique (NAO) positive.
Pour rappel, l’Oscillation Nord-Atlantique (NAO) représente la différence de pression entre les Açores et l’Islande.
En hiver, plus la différence de pression est grande entre l’anticyclone des Açores et les dépressions vers l’Islande, plus la NAO est positive (30% des régimes en Europe). On observe alors un courant d’Ouest perturbé avec de fréquentes perturbations pluvieuses et venteuses sur l’Europe (notamment sur la partie Nord). Les températures sont alors généralement douces et l’influence est majoritairement océanique.
A contrario, moins la différence de pression est grande entre l’anticyclone des Açores et les dépressions vers l’Islande, plus la NAO est négative (20% des régimes en Europe). On constate alors que le courant d’Ouest reste peu actif voire inopérant : l’anticyclone des Açores et les dépressions près de l’Islande changent de place et peuvent même s’inverser. Dans ce cas de figure, le flux peut s’orienter au Nord/Nord Est voire à l’Est, ramenant le froid en Europe de l’Ouest. Comme les hautes pressions remontent vers le Pôle Nord, le vortex polaire est chamboulé et on peut alors observer un displacement event ou un splitting event.
Les autres régimes en Europe sont les dorsales (23% des régimes en Europe) et les blocages (27% des régimes en Europe).
Questionnement / Réflexion
En s'appuyant uniquement sur les modèles, avec une NAO+ dominante et dans un contexte de changement climatique, on pourrait avoir des conditions à dominante anticyclonique et plus sèche que la normale en France (notamment vers le Sud du pays), à l'image de ces dernières années. Avec le réchauffement climatique, les hivers froids deviennent de moins en moins fréquents et un hiver doux paraît bien plus probable. En cette fin d'année 2020, l'ensemble des modèles s'orienterait vers un hiver globalement de saison (à légèrement plus doux que la normale).
Toutefois, cela ne veut pas forcément dire qu’il fera excessivement doux en permanence ou qu'il ne neigera pas… D’autant plus qu’une configuration météorologique prédominante peut cacher de nombreuses disparités. En effet, au regard de divers indices et après analyse de plusieurs paramètres, cet hiver 2020/2021 semblerait plus ouvert à de potentielles intempéries hivernales (ondulations/dorsales sur l'Atlantique Nord favorisant des décrochages polaires vers l'Europe voire de potentiels blocages entre l'Atlantique Nord et la Scandinavie favorisant un flux de Nord-Est notamment en décembre et en février) que l'hiver 2019/2020 très doux (d'où des températures quasi-proches des normes simulées sur les modèles au final ?).
Seul bémol, à l'heure actuelle, les réserves d'air très froid près de l'Europe sont pour l'instant plutôt assez faibles mais des surprises peuvent très vite arriver en météo (souvenir de l’hiver 2011-2012 globalement doux mais marqué par une forte vague de froid en février 2012)… Nous insistons bien sur le fait qu'il est impossible de prévoir une vague de froid plusieurs semaines à l’avance. Il convient donc d’être prudent sur les affirmations certaines en météorologie. Il faut savoir prendre du recul…
Conclusion
D'après notre association Météo Centre, les dernières tendances en France s’orienteraient donc vers une période hivernale (Décembre 2020 – Janvier 2021 – Février 2021) globalement de saison au niveau des températures (à tendance légèrement plus douce) avec un probable déficit pluviométrique. Périodes plus douces et plus froides alterneraient tout au long de notre hiver avec un flux d'Ouest dominant. Le mois de janvier serait le mois le plus doux de notre hiver. Des offensives hivernales se montreraient plus probables en décembre et en février.
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