Ce lundi 20 janvier 2025 matin, les habitants d'une partie localisée de certaines agglomérations de notre région Centre - Val de Loire se sont réveillés sous une fine pellicule de neige : de la neige industrielle... On vous explique tout cela !
De la neige industrielle observée de manière localisée sur Saran et Châteauroux ce lundi...
Entre la nuit de lundi à mardi et ce lundi 20 janvier 2025 matin, les conditions météo (temps calme, nuages bas et brouillard, températures négatives et pollution) ont été propices à la formation de neige industrielle sur une partie localisée de certaines agglomérations de notre région Centre - Val de Loire. Cela a été le cas à Saran (Loiret) et Châteauroux (Indre) ce lundi matin. Voici quelques photos prises dans l'Indre, entre Cap Sud et l'entrée Sud de la ville de Châteauroux.
Comment se forme la neige ?
Lorsque l'eau s'évapore, elle va progressivement monter en altitude à la faveur de courants ascendants. Au cours de leur ascension, ces petites gouttelettes d'eau rencontrent un air de plus en plus froid.
Au cœur des nuages froids chargés de particules volatiles microscopiques (des noyaux de condensation et de congélation), la vapeur d’eau se condense en gouttelettes d’eau. Puis, elle se transforme en cristaux de glace à l’origine des flocons de neige. Le noyau de congélation favorise la transformation des gouttes d'eau surfondue en grains/cristaux de glace.
Lorsque le nuage est fortement chargé en vapeur d'eau et que la température interne est largement inférieure à 0°C, les cristaux de glace grossissent et finissent par se précipiter vers le sol du fait de leur poids. En tombant et en traversant diverses couches d’air froid (température inférieure ou proche de 0°C), ces cristaux et/ou petites étoiles de neige s’agglomèrent et forment des flocons.
Trois conditions sont nécessaires pour que la neige se forme :
- la température de la masse d’air (à toutes altitudes) doit être très proche de 0°C ou inférieure à 0°C
- la vapeur d’eau doit être présente en assez grande quantité dans l'atmosphère
- de minuscules particules volatiles (poussières, sable, ...) doivent être présentes en assez grand nombre dans l’atmosphère
En France, la neige tombe généralement en plaine lorsque les températures sous abri sont comprises entre -5°C et +1°C. On retrouve des épisodes neigeux en plaine à partir de fin novembre jusqu’au mois d’avril la plupart du temps. Toutefois, il est possible d’observer des chutes de neige précoces en octobre mais aussi des chutes de neige tardives au mois de mai.
Comment se forme la neige "industrielle" ou "de pollution" ?
Situation normale
En situation normale, plus on monte en altitude, plus la température de l’air diminue (environ 6,5°C en moyenne tous les 1000m) jusqu’à la tropopause. Les masses d’air chaud et les polluants peuvent s’échapper assez facilement dans la troposphère.
Situation d'inversion de température
En situation d’inversion de température, le gradient de température est positif ou nul (la température monte avec l’altitude). Comme l’air froid est plus lourd que l’air chaud, celui-ci descend vers le sol, tandis que l’autre monte. La couche d’inversion peut aller de quelques dizaines de mètres à plusieurs centaines de mètres. On observe principalement cette inversion thermique en période hivernale. En effet, le soleil étant bas dans le ciel et chauffant peu les sols, l’inversion thermique ne s’estompe pas si facilement.
Une situation propice à la formation de neige industrielle
En hiver, lors de conditions anticycloniques, on observe une forte inversion de température. L’air froid reste plaqué contre le sol et empêche les particules de pollution de « s’échapper ». On observe généralement des brouillards près des vallées par ces temps calmes et froids. Couplée à la pollution liée aux industries et aux transports, l’humidité présente dans l’air permet de charger l’air ambiant de particules solides (des noyaux de condensation). La vapeur d’eau se fixe sur ces dernières et se transforme en neige très fine. Cela est uniquement le cas lorsque les conditions météo sont favorables (température négative et absence de vent). On retrouve cette neige dite « industrielle » notamment près des zones polluées (zones industrielles). Les centrales nucléaires apportent également d'importantes quantités de vapeur d'eau dans l'air favorisant le phénomène de neige industrielle (excédent d'humidité).
La prévision de ces faibles chutes de neige reste très difficile voire impossible. En réalité, les émissions des usines et des transports (particules, etc.) ne sont pas prises en compte dans les modèles météo.
Alors quelles différences entre neige industrielle et neige "naturelle" ?
On observe le même processus de formation pour la neige naturelle et la neige industrielle : la vapeur d'eau se fixe et se condense sur des particules solides (des noyaux de condensation).
La neige "naturelle" se forme en altitude lors de passages perturbés (front pluvio-neigeux / front neigeux). Elle touche des surfaces étendues à très étendues (échelle départementale, échelle régionale, échelle nationale). A contrario, la neige industrielle se forme en basses couches dans des conditions très spécifiques (conditions anticycloniques sans passage perturbé et sans vent avec du froid, de l'humidité et des particules de pollution plaqués près du sol). Elle touche des surfaces très peu étendues (échelle communale, échelle locale).
En résumé, on peut observer de la neige industrielle uniquement lorsque les conditions sont anticycloniques. Elles sont donc non dépressionnaires avec la présence d'un fort taux d'humidité et de froid (températures négatives) en basses couches. De plus, à cela se rajoute des particules fines de pollution (souvent présentes près des zones industrielles).
La neige industrielle est-elle nocive pour la santé ?
La neige industrielle est souvent liée à la présence de nombreuses particules fines de pollution en basses couches. Le trafic routier (circulation plus active et dense en hiver en lien avec les conditions météo et les nuits plus longues), le chauffage au bois/au fioul et les usines (zones industrielles) sont des sources d'émission de ces particules fines.
Cette neige "particulière" permet de se rendre compte des conditions atmosphériques en basses couches. Dans cette situation, on a une importante concentration de particules fines : elle rend "visible" cette pollution cachée et présente dans l'air !
Les particules fines représentent un danger pour la santé, notamment en hiver à cause des particules de combustion toxiques présentes dans l'air (notamment lorsqu'on brûle du fioul, du diesel ou lorsqu'on chauffe du bois, ...). On peut développer des problèmes cardio-vasculaires et respiratoires voire des cancers.
Et dans la neige industrielle présente au sol, y-a-t-il un danger ? Il vaut mieux éviter de jouer avec et de ne pas l'avaler. Toutefois, elle reste peu toxique pour notre corps. En effet, les quantités de particules fines sont généralement très faibles / infimes dans la neige tombée au sol. La pollution est surtout présente dans l'air qui nous entoure.