Le plan canicule n'a pas été officiellement déclenché dans l'Yonne, mais la vigilance est de mise.
LE commissaire Maigret mordille sa pipe sur le poste de télé. Les volets sont clos, la lumière éteinte. Une silhouette fragile s'anime soudain, dans le fauteuil, alors que Céline pousse la porte. C'est l'heure du goûter à la maison de retraite de Migennes et l'aide-soignante promène son chariot de chambre en chambre. « Bonjour madame. Vous voulez une glace ? Menthe, orange ou citron ? »
Le bâtonnet a du succès. Le verre d'eau un peu moins. « Il faut souvent inciter les résidents à boire, sinon ils ne le font pas d'eux-mêmes. Les personnes âgées ne ressentent pas toujours la sensation de soif », explique-t-elle. Il lui faut alors développer des trésors de diplomatie, parfois « mettre le verre dans la main ». La sécurité des plus faibles est à ce prix.
Un arsenal préventif
Les fontaines installées à chaque étage ont pourtant leurs adeptes, à en croire Pascal Bourgeois, cadre de santé. « Notre principale difficulté est de leur faire enlever les gilets, témoigne-t-il.
Ils ont une sensation de froid, avec la climatisation ou les ventilateurs, et beaucoup veulent garder leur petite laine. On doit parfois faire intervenir les familles. »
Le reste est « rentré dans les habitudes » depuis la canicule de l'été 2003. Les volets et les fenêtres sont fermés ; les néons sont éteints dans les couloirs ; les résidents sont invités à ne pas sortir dehors aux heures critiques et l'établissement dispose, en plus d'une salle climatisée obligatoire, d'une batterie de brumisateurs, de climatiseurs mobiles et de ventilateurs.
« Notre action peut être résumée en deux mots : vigilance et bon sens. On n'attend pas le déclenchement du plan canicule pour mettre en place toutes ces mesures préventives », précise Philippe Jammet, le directeur de la maison de retraite migennoise. Construite dans les années 1970, elle sera abandonnée l'été prochain au profit d'une nouvelle structure à la sortie de la ville.
« Celle-ci a une conception très hospitalière. L'autre sera plus adaptée », promet-il au président du conseil général, Jean-Marie Rolland, venu visiter les lieux, hier.
À l'étage, quatre résidents jouent au Scrabble. Le bras tremblant, l'un deux étale au milieu du plateau, comme un désir inconscient, les cinq lettres d'un mot de circonstance : plage.
A la maison départementale de retraite d'Auxerre, il est difficile de faire boire les anciens.
37°C hier dans l'Yonne
Avec 37°C relevés hier à 16 heures par la station Météo-France de Saint-Georges-sur-Baulche, on a frôlé la canicule dans l'Yonne. Pas autant qu'en 2003, où le mercure avait dépassé les 40°C du 5 au 12 août. Pas assez pour déclencher le fameux « plan » : il aurait fallu quelques jours de plus au même tarif. Mais juste ce qu'il faut pour faire déplacer Jean-Marie Rolland, président du conseil général, en visite à la maison de retraite départementale d'Auxerre, ainsi qu'aux « Mignottes » à Migennes !
Dans les EHPAD (établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes), le « plan bleu » a été déclenché. Un plan de gestion de crise sanitaire qui implique des pièces rafraîchies dans chaque bâtiment, un personnel formé, un stock de brumisateurs et ventilateurs, des menus adaptés et surtout une hydratation maximale des personnes âgées.
Source : L'Yonne Républicaine