Entre dimanche 19 et lundi 20 janvier 2020, de nombreux records de haute pression atmosphérique ont été observés sur l'Europe de l'Ouest dont sur nos régions... Mais qu'est ce que la pression atmosphérique ? Pourquoi la pression était si haute ? Explications.
Qu'est ce que la pression atmosphérique ?
En météorologie, la pression atmosphérique correspond au poids d'une colonne d'air exerçant une force à la surface de la Terre. On la mesure en hPa à l'aide d'un baromètre. En moyenne, au niveau de la mer, elle avoisine les 1015 hPa (1013,25 hPa exactement). Lorsqu'elle est au-dessus, on parle de hautes pressions (anticyclone = temps généralement calme) et lorsqu'elle est en-dessous, on évoque les basses pressions (dépression = temps souvent agité).
Sous un anticyclone, l'air descend (subsidence) et se comprime puis s'assèche : la pression augmente. Les vents tournent dans le sens des aiguilles d'une montre autour du coeur de l'anticyclone (dans l'hémisphère Nord).
A l'inverse, sous une dépression, l'air monte et génère des nuages au contact d'une surface plus froide. Les vents tournent dans le sens inverse des aiguilles d'une montre autour du coeur de la dépression (dans l'hémisphère Nord).
Au cours d'une année, la pression varie régulièrement d'où les changements de temps permanents. La différence de pression entre deux zones bien définies (gradient de pression horizontal) est l'un des principaux éléments déterminants pour la formation du vent et de son intensité. Plus le gradient de pression est fort, plus l'intensité du vent sera élevée (isobares resserrées). En liaison avec la rotation de la Terre sur elle-même, un autre élément intervient sur la circulation atmosphérique, la force de Coriolis (déplacement d'Ouest en Est dans l'hémisphère Nord).
Enfin, il faut savoir que plus l'altitude augmente plus la pression baisse. En effet, plus on monte moins il y a d'air. La pression atmosphérique diminue d'environ 1 hPa tous les 8m en moyenne.
Dans le monde, le record de basses pressions revient au typhon Tip (au large des Philippines), le 12 octobre 1979 où la pression a été mesurée à 870 hPa !!! Concernant, les hautes pressions, c'est en Sibérie, à Agata (Russie), le 31 décembre 1968, où l'on a relevé 1083,8 hPa. Un autre record non officiel fait état de 1087 hPa enregistrés à Tosontsengel (Mongolie), le 20 janvier 2010.
En France, le record de basses pressions (post-1950) revient à la Pointe de la Hague (Manche), le 25 février 1989 avec 951,8 hPa enregistrés. Pour les hautes pressions (post-1950), c'est à Abbeville (Somme), le 20 janvier 2020, où l'on a observé 1049,7 hPa ! A noter que le 6 février 1821, la barre des 1050 hPa aurait déjà été dépassée : on aurait mesuré 1050,4 hPa à l'Observatoire de Paris (pas encore de station à l'époque à Paris-Montsouris).
Pourquoi les pressions ont-elles été si hautes entre les 19 et 20 janvier 2020 ?
Après le passage d’un front froid entre les jeudi 16 et vendredi 17 janvier, un puissant anticyclone s'est érigé en direction des Iles Britanniques dans le courant de ce week-end du 18 et 19 janvier. Dans le même temps, une anomalie dépressionnaire a plongé vers la péninsule ibérique. Dans cette configuration, un flux de Nord-Est s'est mis en place sur la France en apportant un air plus froid tandis qu'une langue douce et anticyclonique est remontée vers l'Ecosse.
Ce lundi 20 janvier, la pression s'est montrée très élevée sur l'Europe Occidentale. Elle a dépassé les 1050 hPa dans le Sud Ouest du Royaume-Uni (1050,5 hPa à Mumbles Head, au Pays de Galles), soit la pression la plus élevée depuis 1957 sur les Iles Britanniques (1050,9 hPa à Benbecula, Ecosse, le 16 janvier 1957) mais également un nouveau record pour le Pays de Galles (ancien record : 1049.2 hPa à Sennybridge, le 27 janvier 1992) d'après le Met Office. Le record officiel au Royaume-Uni est de 1053,6 hPa à Aberdeen (Ecosse), le 31 janvier 1902.
Toujours d'après le Met Office, à Londres, on a également observé la pression la plus élevée depuis plus de 300 ans (depuis 1692) dans l'agglomération avec 1049,6 hPa à Heathrow Airport (ancien record de la station : 1047,3 hPa le 07 février 1974 / ancien record de tout Londres : 1049,1 hPa à Kew Gardens, le 18 janvier 1882).
Le record national de Belgique a aussi été battu d'après l'IRM avec 1048,3 hPa à Uccle (ancien record : 1048 hPa à Uccle, le 27 janvier 1932). .
En France, on a battu de nombreux records de haute pression, notamment près de la Manche... En effet, d'après Météo France, on a observé un nouveau record national (post-1950) avec 1049.7 hPa mesurés à Abbeville dans la Somme (ancien record : 1048,9 hPa à la Pointe de Chemoulin, Loire-Atlantique, le 03 mars 1990) ! On aussi relevé :
- 1049,6 hPa à Cherbourg, Manche (ancien record : 1046,3 hPa, le 03 mars 1990) ;
- 1049,4 hPa à Lille, Nord (ancien record : 1047,2 hPa, le 17 février 1959) ;
- 1049 hPa à Caen, Calvados (ancien record : 1046,7 hPa, le 03 mars 1990) ;
- 1048,7 hPa à Brest, Finistère (ancien record : 1048,2 hPa, le 03 mars 1990)...
Dans la capitale française, à Paris-Montsouris, on a mesuré 1047,8 hPa, soit les pressions les plus élevées depuis 1905 (1048,9 hPa le 29 janvier 1905). Le record n'a pas été battu (1049,1 hPa le 17 janvier 1882).
Sur nos régions Centre-Val de Loire et Centrales, on a régulièrement dépassé les 1045 hPa au Nord de la Loire avec près de 1048 hPa sur le Nord de l'Eure-et-Loir, sur notre R.S.M.C. (Réseau de Stations de Météo Centre)…
Plusieurs éléments ont pu favoriser une pression très élevée :
- un jet stream survitaminé (puissant courant de vent à haute altitude/vers 9000m d'altitude) en raison des importants contrastes de température en période hivernale (anticyclones et dépressions plus "solides") ;
- un puissant blizzard circulant sur le Nord Est du Canada (Terre Neuve) piloté par ce jet stream survitaminé et favorisant une forte pulsion anticyclonique à l'avant sur l'Atlantique Nord en raison d'une forte convergence des vents en altitude en sortie droite du courant-jet (conséquence = forte subsidence = poids de la colonne d’air vers la surface terrestre = haute pression) ;
- une pulsion anticyclonique bloquée par un "costaud" vortex polaire (conséquence : accumulation de la pression de surface sur les Iles Britanniques) ;
- un anticyclone se formant dans une masse d'air plus froide (air plus dense et donc plus lourd = haute pression) ;
- une puissante pulsion/langue douce en altitude vers 1500m (air d'origine subtropical) remontant vers les Iles Britanniques et favorisant une forte subsidence (poids de la colonne d’air vers la surface terrestre = haute pression).
Ainsi, il y a donc eu deux facteurs principaux ayant permis de telles pressions : le côté dynamique (circulation atmosphérique très active) et le côté thermique (masse d'air froide).
Ces hautes pressions ont-elles une influence sur notre vie de tous les jours ?
En soit, il n'y a pas de conséquences directes sur notre corps lors d'une période anticyclonique avec des pressions très élevées. Seul bémol en hiver, l'anticyclone plaque au sol les polluants (situation d'inversion thermique).
Enfin, dans certains cas, de telles pressions peuvent engendrer des difficultés dans la réception des ondes de télévision.