QUELLES TENDANCES MÉTÉO SE DÉGAGENT POUR NOTRE HIVER 2022 - 2023 ?
Après une année 2022 anormalement chaude et sèche, peut-on espérer un hiver 2022 - 2023 pluvieux et dans les normes ? Eléments de réponse ci-dessous...
2022, une année anormalement chaude et sèche en France et sur notre région Centre - Val de Loire...
Que ça soit en France ou sur notre région Centre - Val de Loire, 2022 s'est montrée historiquement chaude et sèche. D'après Météo France, "2022 sera l’année la plus chaude jamais enregistrée sur le pays depuis le début des relevés en 1900. Sur l’ensemble de l’année, la température dépassera les 14,2°C en moyenne sur la France." Les années 2020 et 2018 complètent le podium avec une température moyenne respective de +14,07°C et +13,94°C.
2022 a été marquée par une succession hallucinante d'épisodes anormalement chauds/doux à contrario des épisodes froid bien rares et souvent classiques...
En s'appuyant sur les données de la station Météo France de Châteauroux, on constate que cette année 2022 a été anormalement chaude et sèche avec 9 mois sur 11 au-dessus des normes au niveau des températures (dont 6 mois avec une anomalie proche et/ou supérieure à +2°C) et 9 mois sur 11 déficitaires au niveau de la pluviométrie. La situation est globalement similaire sur les autres stations des réseaux Météo France et Météo Centre du Centre - Val de Loire.
Une récurrence anticyclonique marquée en France et sur notre région Centre - Val de Loire en 2022...
Cet important déficit pluviométrique résulte de conditions anormalement anticycloniques sur une bonne partie Ouest de l'Europe… Les passages perturbés se sont montrés nettement moins fréquents qu’habituellement traduisant ce manque d’eau sur une bonne partie de la France dont notre région Centre-Val de Loire.
Des nappes phréatiques anormalement basses en cette fin d'année 2022 sur le Centre - Val de Loire...
Cette année, la succession de mois anormalement peu pluvieux a favorisé un épisode de sécheresse durable et marqué sur nos régions centrales. Nos nappes phréatiques sont au plus bas en ce début décembre 2022...
Encore un hiver trop sec ?
Qu’est ce que la tendance saisonnière ?
La tendance saisonnière est une prévision météorologique probabiliste à long terme (les 3 mois à venir) sur un grand territoire (au moins 1000 km sur 1000 km). A contrario des prévisions classiques à une échéance de quelques jours, elles restent approximatives. En effet, il est impossible de prévoir la chronologie exacte des mois à venir ni de localiser où une vague de froid va se produire plusieurs mois à l’avance. Néanmoins, ces prévisions saisonnières donnent le scénario le plus probable sur le ou les mois à venir : elles nous renseignent sur l’anomalie globale de températures (probabilité que le ou les 3 mois à venir soient plus chauds, plus froids ou proches de la normale) et de précipitations (probabilité que le ou les 3 mois à venir soient plus secs, plus humides ou proches de la normale) sur une région donnée sous forme de carte. Ces prévisions sont réalisées à partir de modèles, des observations des glaces, océans, de l’atmosphère et d’indices météo issus de différents pays. A ce jour, elles restent encore « expérimentales » malgré les progrès dans ce domaine au cours de ces dernières années. Les données présentées ici sont donc à prendre avec un certain recul.
Quelles tendances se dégagent sur les modèles météo ?
La modélisation saisonnière multi-modèles pour le prochain trimestre ( (Décembre 2022 – Janvier 2023 – Février 2023) entreverrait une importante anomalie positive des géopotentiels et des pressions moyennes en Europe : la dominante serait alors anticyclonique lors de ce hiver 2022-2023.
Une telle récurrence anticyclonique signifierait un probable déficit pluviométrique pour notre hiver 2022 sur une grande partie Nord de la France (possiblement plus humide près de la Méditerranée). Les modélisations pencheraient d’ailleurs sur des conditions probablement plus sèches que la normale (scénario le plus probable) sur la globalité de l'hiver. Nous insistons bien sur le fait qu’un hiver probablement plus sec que la normale annoncé peut cacher des disparités : en effet, on ne pourra pas exclure des évènements météo de quelques jours (épisodes très pluvieux) entre deux longs blocages anticycloniques durables.
Côté températures, un scénario plutôt doux est dominant sur le Nord-Est de l'Europe tandis qu'un scénario proche de la normale ressort en France (scénario le plus probable). Nous insistons bien sur le fait qu’un hiver globalement de saison indiquerait une alternance d'épisodes froids et chauds tout au long de la période hivernale.
Dans son dernier bulletin, Météo France propose le scénario suivant : "Le scénario le plus probable pour le trimestre décembre 2022 - janvier 2023 - février 2023 est la prédominance des situations anticycloniques centrées sur l’Europe plus fréquentes que la normale. Les flux océaniques perturbés seront plus souvent déviés vers le nord de l’Europe ou vers le sud-ouest de la Méditerranée."
Quelle tendance d'après l'intelligence artificielle développée au sein de notre association ?
L'intelligence artificielle développée au sein de notre association Météo Centre , par notre climatologue, Jérémy Surcin, proposent plusieurs scénarios.
Une simulation a été réalisée sur une période de 30 ans (1988-2018) et nous avons obtenu 81% de fiabilité pour les précipitations (91% pour les 10 dernières années). Concernant la température, nous avons eu 59% de fiabilité sur les 30 années (67% sur les 10 dernières années). Ce modèle reste expérimental et scientifique. De nouveaux travaux statistiques seront par la suite développés et intégrés afin d'améliorer la prévision.
Le modèle V0 est un modèle ne prenant pas en compte les échanges atmosphère/océan sur l’Atlantique Nord. L’IA a été alimentée par 148 variables d’entrée pour sa structure d’apprentissage.
Sur le modèle V1, on a ajouté les composantes climatiques prenant en compte les échanges atmosphère/océan sur l’Atlantique Nord (module ajouté en 2019). Les résultats ont été moins bons concernant la prévision pour l’ensemble de l’hiver ainsi que la prévision mensuelle (décembre, janvier et février). Ce module reste dans une phase de test et d’optimisation chaque année.
Pour le modèle V2, l’IA est construite de la même manière que la V0. On y ajoute de nouveaux paramètres climatiques. L’IA a été alimentée par 188 variables d’entrée pour sa structure d’apprentissage.
Si l’on effectue la moyenne de toutes les versions, nous sommes à une fiabilité proche de 77% pour les précipitations et nous avons un excellent écart de 0.17°C pour la température. Seul l’hiver 2020-2021 a été nettement moins bon... même si au niveau de la température, les résultats sont acceptables. La mise à jour du modèle, en 2021, a permis l’évolution de la prévision en prenant un compte des situations météorologiques que l’IA n’avait pas pris en compte pour la prévision de l’hiver précédent.
La version 1 s'orienterait vers un trimestre décembre-janvier-février plus froid et plus sec que les normes.
La version 2 s'orienterait vers un trimestre décembre-janvier-février de saison avec une tendance plus sèche.
La version 0 simulerait un hiver de saison à tendance froide et plus sèche.
En résumé, notre intelligence artificielle indiquerait un hiver (décembre-janvier-février) de saison à tendance froide pour les températures (anomalie comprise entre -0,9°C à +0,4°C) et de saison à tendance plus sèche pour les précipitations (anomalie comprise entre -17% et -3%) :
- Décembre :
- température (anomalie) : -0,9°C à +0,4°C
- précipitations (anomalie) : -21% à -10%
- Janvier :
- température (anomalie) : -0,5°C à +0,3°C
- précipitations (anomalie) : -25% à +42%
- Février :
- température (anomalie) : -1,1°C à 0°C
- précipitations (anomalie) : -15% à -5%
Un hiver de saison à tendance froide avec un déficit pluviométrique ?
En s’appuyant sur les dernières modélisations et notre intelligence artificielle pour la tendance climatique de l'hiver, on se dirigerait donc vers un hiver proche des normes à tendance plus froide avec un probable déficit pluviométrique. En effet, on pourrait observer de nouveau une récurrence anticyclonique ces trois prochains mois (décembre, janvier, février) ce qui serait une mauvaise nouvelle sur la plan la sécheresse et des recharges des nappes phréatiques. Espérons que la majorité des simulations se trompent...
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