UN DEBUT DE PRINTEMPS 2021 TRES SEC SUR LA FRANCE ET LE CENTRE-VAL DE LOIRE…
Après un hiver pluvieux, la pluie se fait rare depuis le début du printemps sur notre région Centre-Val de Loire avec une sécheresse de surface se renforçant au fil des jours... Pourquoi les conditions sont-elles aussi sèches ? Quel est le niveau de nos nappes phréatiques ? A quand le retour de la pluie ? Voici nos réponses...
Des conditions anticycloniques récurrentes depuis le début du printemps météorologique et calendaire...
Après un hiver pluvieux, le déficit pluviométrique observé lors de cette première partie de printemps météorologique (1er mars au 29 avril 2021) et calendaire (20 mars au 29 avril 2021) sur une grande partie de la France dont notre région Centre-Val de Loire s’explique par la persistance de conditions durablement anticycloniques (> 1020 hPa sur une partie de l'Europe Occidentale, notamment entre la France et les Iles Britanniques). Ce contexte météorologique a favorisé un assèchement des sols notamment avec un flux de Nord à Nord-Est dominant.
En mars, les pressions se sont montrées plus élevées que la normale des Açores à l'Europe Centrale (> 1024 hPa des Açores à l'Ouest de la France) tandis qu'elles ont été plus basses sur le Nord de l'Europe. Cette configuration météorologique a été propice à des conditions sèches et ensoleillées en France une bonne partie du mois avec peu ou pas de perturbations.
En dernière décade de mars, les hautes pressions ont été particulièrement présentes sur notre territoire (> à 1025 hPa) avec un flux de Sud dominant et un épisode de chaleur précoce. Cette situation a favorisé un niveau d'évapotranspiration potentielle élevée des nappes, des sols et des plantes et une accentuation de la sécheresse de surface.
En avril, les pressions se sont montrées plus élevées que la normale du Groenland au Nord-Ouest de l'Europe (>1024 hPa sur le Nord-Ouest des Iles Britanniques) tandis qu'elles ont été plus basses sur le Nord-Est de l'Europe et des Açores au Maghreb. Cette configuration météorologique a été propice à des conditions sèches et ensoleillées en France une bonne partie du mois avec peu ou pas de perturbations mais également à des coulées d'air froid avec de fréquentes gelées tardives et un vent dominant de secteurs Nord à Nord-Est. Cette situation a favorisé un niveau d'évapotranspiration potentielle élevée des nappes, des sols et des plantes et une accentuation de la sécheresse de surface.
Pour rappel, en météorologie, la pression atmosphérique correspond au poids d’une colonne d’air exerçant une force à la surface de la Terre. On la mesure en hPa à l’aide d’un baromètre. En moyenne, au niveau de la mer, elle avoisine les 1015 hPa (1013,25 hPa exactement). Lorsqu’elle est au-dessus, on parle de hautes pressions (anticyclone = temps généralement calme) et lorsqu’elle est en-dessous, on évoque les basses pressions (dépression = temps souvent agité). Sous un anticyclone, l’air descend (subsidence) et se comprime puis s’assèche : la pression augmente. Les vents tournent dans le sens des aiguilles d’une montre autour du coeur de l’anticyclone (dans l’hémisphère Nord).
A l’inverse, sous une dépression, l’air monte et génère des nuages au contact d’une surface plus froide. Les vents tournent dans le sens inverse des aiguilles d’une montre autour du coeur de la dépression (dans l’hémisphère Nord).
Peu de pluie depuis le début du printemps voire la fin de l'hiver météorologique...
Depuis le début du printemps météorologique (1er mars 2021), il a très peu plu sur une grande partie du pays dont notre région Centre-Val de Loire. Sur nos départements, on a relevé (1er mars au 30 avril 2021) sur les stations principales du réseau Météo France :
- Avord (18) : 58,3 mm (moyenne habituelle : 116,9 mm), dont 28,3 mm (-47%) en mars et 30 mm (-52%) en avril ;
- Blois-le-Breuil (41) : 28,5 mm (moyenne habituelle : 96,2 mm), dont 21,3 mm (-54%) en mars et 7,2 mm (-86%) en avril ;
- Bourges (18) : 69,9 mm (moyenne habituelle : 115,6 mm), dont 34,4 mm (-35%) en mars et 35,5 mm (-43%) en avril ;
- Chartres (28) : 57,9 mm (moyenne habituelle : 89,4 mm), dont 23,8 mm (-46%) en mars et 34,1 mm (-24%) en avril ;
- Châteaudun (28) : 32,3 mm (moyenne habituelle : 93,6 mm), dont 18,6 mm (-57%) en mars et 13,7 mm (-73%) en avril ;
- Châteauroux-Déols (36) : 66 mm (moyenne habituelle : 117,9 mm), dont 30,9 mm (-41%) en mars et 35,1 mm (-47%) en avril ;
- Orléans-Bricy (45) : 27,1 mm (moyenne habituelle : 95,8 mm), dont 15,6 mm (-66%) en mars et 11,5 mm (-77%) en avril ;
- Romorantin (41) : 36,5 mm (moyenne habituelle : 106,5 mm), dont 17,2 mm (-66%) en mars et 19,3 mm (-66%) en avril ;
- Tours (37) : 20,6 mm (moyenne habituelle : 106,1 mm), dont 15,6 mm (-69%) en mars et 5 mm (-91%) en avril.
D'après Météo France, en moyenne sur le pays et sur le mois, le déficit pluviométrique a été proche de -50 %. Mars 2021 se classe ainsi parmi les dix mois de mars les plus secs sur la période 1959-2021.
Ce mois d'avril 2021 a également été très sec. D'après Météo France, il est le 11ème plus sec à l'échelle du pays sur la période 1959-2021.
Sur notre réseau de stations Météo Centre, on a par exemple relevé sur quelques stations (1er mars au 30 avril 2021) :
- Boisseaux (45) : 38,8 mm, dont 29,2 mm en mars et 9,6 mm en avril ;
- Chailles (41) : 23,4 mm, dont 15,8 mm en mars et 7,6 mm en avril ;
- Chassignolles (36) : 66,7 mm, dont 41,6 mm en mars et 25,4 mm en avril ;
- Colombiers (18) : 65,6 mm, dont 42 mm en mars et 23,6 mm en avril ;
- Culan (18) : 64,6 mm, dont 42,6 mm en mars et 22 mm en avril ;
- Digny (28) : 61,2 mm, dont 33,8 mm en mars et 27,4 mm en avril ;
- Etrechet (36) : 71 mm, dont 33,4 mm en mars et 37,6 mm en avril ;
- Le Grand-Pressigny (37) : 29,2 mm, dont 21,6 mm en mars et 7,6 mm en avril ;
- Luçay-le-Libre (36) : 69,6 mm, dont 32,4 mm en mars et 37,2 mm en avril ;
- Romilly-sur-Aigre (28) : 25,8 mm, dont 16,8 mm en mars et 9 mm en avril ;
- Saint-Firmin-des-Bois (45) : 47,8 mm, dont 24,8 mm en mars et 23 mm en avril ;
- Saint-Laurent-Nouan (41) : 27 mm dont 17,8 mm en mars et 9,2 mm en avril ;
- Saint-Michel-en-Brenne (36) : 64,2 mm, dont 26,8 mm en mars et 37,4 mm en avril ;
- Salbris (41) : 42,8 mm, dont 19,4 mm en mars et 23,4 mm en avril ;
- Sandillon (45) : 37,2 mm, dont 23 mm en mars et 14,2 mm en avril ;
- Tauxigny (37) : 35,5 mm, dont 30,1 mm en mars et 5,4 mm en avril ;
- Tour-en-Sologne (41) : 43,8 mm, dont 20,4 mm en mars et 23,4 mm en avril ;
- Vendôme (41) : 28,6 mm, dont 21,4 mm en mars et 7,2 mm en avril ;
- Véretz (37) : 17,6 mm, dont 14,6 mm en mars et 3 mm en avril ;
- Vierzon (18) : 45,8 mm, dont 25,4 mm en mars et 20,4 mm en avril ;
- Yvoy-le-Marron (41) : 32,4 mm, dont 19,2 mm en mars et 13,2 mm en avril ;
Cette sécheresse s'est même installée depuis la mi-février en France et sur notre région Centre-Val de Loire. D'après Météo France, le trimestre février-mars-avril 2021 est bien le 3ème plus sec sur la période 1959-2021 en métropole (moyenné à l'échelle nationale) :
- 1997 : 116 mm ;
- 2011 : 122 mm ;
- 2021 : 132 mm.
La Touraine est même l'une des régions de France les moins arrosées de France depuis la fin de l'hiver. Depuis le 15 février (jusqu'au 30 avril 2021), il est par exemple seulement tombé 27,2 mm à Tours (aéroport Parcay-Meslay) ! Depuis 1959, le précédent record bas sur la période était de 46,8 mm en 2003 d'après Météo France. Lors de ce mois d'avril 2021, moyenné à l'échelle départemental, l'Indre-et-Loire a même été le département le moins arrosé de France avec un cumul de 8 mm en moyenne : il est par exemple tombé à peine 5 mm à Tours, soit un déficit de l’ordre de -91%. C'est donc le mois d'avril le plus sec depuis 2007 pour cette station (4,6 mm mesurés en avril 2007) !
Une sécheresse de surface qui s'accentue...
Avec ce manque de pluie et ce vent dominant de secteurs Nord à Nord-Est, on constate une importante sécheresse de surface en France du Poitou aux Ardennes en passant par la Touraine et l'Orléanais.
On constate parfaitement cet assèchement du sol (sol argilo-calcaire superficiel) à Etrechet (Indre), sur l’une de nos stations du réseau Météo Centre, à partir de la première décade du mois d'avril notamment (4 centibars le 21 mars –> 142 centibars le 28 avril). L’humidité du sol est exprimé ci-dessous en centibar de 0 (sol saturé en eau) à 200 (sol très sec). Les pluies observées le 29 avril ont légèrement humidifiées les sols (62 centibars le 29 avril, 70 centibars le 2 mai).
D'après Météo France, le trimestre février / mars / avril 2021 se place au troisième rang des trimestres février / mars / avril les plus secs depuis 1959 en moyenne sur la France (déficit estimé à -38%).
Quand parle-t-on de sécheresse ?
D’après les scientifiques, on évoque le terme de sécheresse lorsqu’il y a un manque d’eau plus ou moins important sur une assez longue période. C’est un phénomène pouvant être cyclique ou exceptionnel touchant une région plus ou moins grande (le Berry ou la France entière ou encore l’Europe Occidentale).
L’état de sécheresse n’est pas le même partout dans le monde. Tout dépend des seuils choisis par le pays ou la région en question en fonction du nombre d’habitants, des ressources en eau disponibles ou encore du climat. En France, l’état de sécheresse absolue est décrété lorsqu’il n’y a pas eu une goutte de pluie (moins de 0,25 mm par jour) pendant 15 jours consécutifs.
On note trois types de sécheresse :
- la sécheresse météorologique, marquée par un déficit de précipitations sur une période donnée ;
- la sécheresse agricole, correspondant à un déficit d’eau des sols superficiels sur une profondeur maximale de deux mètres pouvant fragiliser le développement de la végétation (dépend du type de culture, de l’évapotranspiration des plantes, du taux d’humidité, de la nature des sols et des plantes, du vent, de la température de l’air et des précipitations reçues sur la zone en question) ;
- la sécheresse hydrologique, se manifestant par des niveaux d’eau anormalement bas dans les rivières, lacs ou encore nappes phréatiques et/ou souterraines (dépend de la nature du sol et de sa perméabilité jouant sur l’infiltration et le ruissellement de l’eau, dépend des caractéristiques des nappes souterraines et de la surexploitation des ressources en eau).
Les prévisionnistes météo suivent régulièrement l’évolution des précipitations sur la région en question pour informer la population d’éventuels risques. Lorsque l’hiver et le printemps ont été peu pluvieux, les réserves d’eau sont souvent peu remplies. Des conditions anticycloniques récurrentes favorisent l’apparition d’une sécheresse. Plus les températures sont élevées, plus la sécheresse s’accentuera suite à une évapotranspiration des plantes très importantes.
Les activités humaines peuvent également favoriser l’amplification d’une sécheresse s’il y a une mauvaise gestion des ressources en eau. Ainsi, cette dernière doit être rigoureuse avec une réparation équitable des besoins en eau dans la population (agriculteurs, usines, habitations, etc.). Des mesures de restriction sont alors émises en fonction de la zone concernée pour limiter l’accentuation de la sécheresse.
Lors d’un épisode de sécheresse, ce dernier peut avoir divers impacts dans la zone concernée :
- sur l’agriculture : destruction partielle ou entière d’une récolte ;
- sur les forêts et les prairies (incendies) ;
- sur les ressources en eau (pénuries d’eau potable) ;
- sur la production hydroélectrique ;
- sur la faune et la population (exode, problèmes de santé).
D’après le site Propluvia, « les seuils entraînant des mesures de restriction sont définis au niveau local par les préfets. Ce qui facilite la réaction en situation de crise, et permet la transparence et la concertation entre les différents usagers d’un même bassin. Les arrêtés sécheresse ne peuvent être prescrits que pour une durée limitée pour un périmètre déterminé. Ils doivent assurer l’exercice des usages prioritaires, plus particulièrement la santé, la sécurité civile, l’approvisionnement en eau potable et la préservation des écosystèmes aquatiques. Ceci tout en respectant l’égalité entre usagers des différents départements et la nécessaire solidarité amont – aval des bassins versants. Quels sont les différents seuils et conséquences pour les différents acteurs ? Quatre niveaux ont été définis : vigilance, alerte, alerte renforcée, crise. Les mesures de limitation des prélèvements sont progressives (fonction des seuils définis : vigilance, alerte, alerte renforcée, crise) et adaptées aux différents usagers :
- Usages domestiques : sensibilisation, puis limitation de plus en plus fortes des prélèvements pour l’arrosage des pelouses, des espaces verts, le lavage des voitures, le remplissage des piscines jusqu’à l’interdiction totale de ce type d’utilisation (hors usage eau potable).
- Agriculture : (80% des prélèvements entre juin et août) : interdiction d’irriguer 1 jour par semaine, plusieurs jours par semaine ou à certaines heures jusqu’à l’interdiction totale de l’irrigation.
- Industrie : des mesures spécifiques ont été prises sur les unités les plus consommatrices : mesures imposant une réduction progressive d’activité, le recyclage de certaines eaux de nettoyage, la modification de certains modes opératoires. »
Des nappes phréatiques assez remplies cet hiver mais en nette baisse depuis plusieurs semaines…
D'après le dernier rapport de la DREAL Centre-Val de Loire, au 15 avril 2021, "l'état quantitatif de la ressource en eau de la région Centre-Val de Loir a pâti des faibles apports pluviométriques de mars conjugués à la pauvre contribution pluvieuse des deux dernières décades de février. Les écoulements des cours d’eau ont bien baissé et 84 % d’entre eux voient leurs débits moyens mensuels sous les valeurs de saison. Les débits de base du mois caractérisent globalement une situation hydrologique sèche dont l’intensité s’accentue à l’amont de la Loire, de l’Allier et des bassins du Loir et du Cher. Du fait des conditions climatiques rencontrées, la situation des nappes ne s’est pas améliorée ce mois. Seulement 26 % des stations suivies voient leurs niveaux au-dessus des moyennes de saison et la majorité des stations (55 %) affichent une tendance baissière."
Sur notre région Centre-Val de Loire, au 25 avril 2021, de nombreuses nappes présentaient des niveaux insatisfaisants pour une fin avril.
Le retour de la pluie dans le courant de cette première décade de mai ?
Ces prochains jours, en lien avec la mise en place d'un véritable rail dépressionnaire de l'océan Atlantique vers la Scandinavie, un flux océanique devrait se mettre en place avec le passage de plusieurs perturbations pluvieuses et parfois venteuses sur la France. Ces pluies seront donc les bienvenues après de début de printemps extrêmement sec !
D'ici le 9 mai, de bons cumuls de pluie sont même envisagés par certains modèles (localisation exacte et quantités précises à affiner ces prochains jours)... Sur notre région Centre-Val de Loire, on peut s'attendre à des cumuls de l'ordre de 10 à 30 mm en moyenne. D'autres pluies ou orages pourront apporter des millimètres d'eau supplémentaires aux alentours du 10 mai.
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