Philippe Boissel, chef du centre météorologique de Bourges, évoque les orages et leurs rapports un peu particuliers avec le département du Cher.
Habitants du Cher, soufflez. Avec l’arrivée du mois de septembre, nous sortons d’un tunnel reliant mai à août propice aux orages dans le département.
L’occasion de faire un point sur ces phénomènes météorologiques complexes, avec Philippe Boissel, chef du centre météorologique de Bourges.
Et de se souvenir que si les orages sont plus fréquents aux beaux jours, ils peuvent aussi éclater à tout moment de l’année…
1Quels sont les dangers d’un orage?? Un orage présente quatre dangers potentiels : la foudre, les fortes averses, la grêle et le vent. « La foudre est systématique, souligne Philippe Boissel, chef du centre Météo-France, à Bourges. Il n’y a pas d’orage sans éclairs. »
Les fortes averses « dépendent de la vitesse de déplacement de l’orage, précise-t-il. Plus il se déplace lentement, plus les cumuls de pluie risquent d’être importants. »
Le météorologue se souvient de l’orage du 26 mai 2007, qui « s’était formé au-dessus de Bourges et était stationnaire ». Bilan : 79 millimètres d’eau et de nombreuses caves et routes inondées.
La grêle est principalement problématique pour les récoltes?; sauf en cas d’énormes grêlons « qui se maintiennent en l’air longtemps, grossissent et tombent quand ils sont trop lourds ».
Le département est situé sur le passage préférentiel des supercellules.Le dernier élément, le vent, est redoutable « parce qu’un orage crée lui-même son propre vent, explique Philippe Boissel. Ce vent peut être excessivement fort et très localisé. » Et donc impossible à prévoir avec précision.
La forme la plus extrême du vent lors d’un orage est la tornade. Le 17 août 1986, une tornade avait parcouru une partie de l’est du Cher et frappé La Charité-sur-Loire. Elle avait fait un mort.
Le 28 juillet 2005, vingt maisons avaient également été détruites par une tornade à Ivoy-le-Pré.
2Le Cher est-il un département propice aux orages?? Comme n’importe quel département, le Cher peut être frappé par des « orages de masse d’air » (ou dits « de cellule ordinaire »), qui ne dure généralement « pas longtemps », ainsi que par des « orages multicellulaires », d’un niveau supérieur, qui sont constitués de « plusieurs cellules de stades et de maturités différentes ».
Mais le Cher, tout comme la Région Centre, est aussi sur le passage préférentiel des orages les plus dangereux : les « orages supercellulaires ». « Ils peuvent s’auto-régénérer et durer trois ou quatre heures, confie Philippe Boissel. En France, ces supercellules naissent généralement dans le sud-ouest et remontent vers le nord-est de l’Europe. »
3Combien d’orages frappent le Cher tous les ans?? « On ne comptabilise pas les orages, précise le chef du centre météorologique de Bourges. C’est impossible. On compte plutôt le nombre de jours d’orage. En moyenne, à Bourges, il y a vingt-quatre jours d’orage par an. »
Sans surprise, ce sont les mois les plus chauds qui sont le plus touchés. « Le maximum est en juillet, avec 5,4 jours d’orage. Puis cela s’étale principalement entre mai et août. »
Cette année, juillet a été plus orageux que la moyenne des trente dernières années, avec huit jours d’orages enregistrés à Bourges.
Geoffroy Jeaygeoffroy.jeay@centrefrance.com